De nombreux parents se remémorent avec émotion leur enfance, se souvenant des jours et des soirées passés à errer dans leur quartier et dans les parcs, ou à disputer des matchs improvisés dans la rue. Si ces parents seront intéressés d’apprendre que ces activités appartiennent à la catégorie de « jeu libre », c’est-à-dire de jeu autonome, non structuré et sans but précis, ils reconnaîtront toutefois qu’elles sont de nos jours beaucoup moins pratiquées par les enfants.
Au fil des générations, le jeu libre chez les enfants a perdu en popularité, et ce pour nombre de raisons. La pratique réduite du jeu libre chez les enfants est due en partie aux parents, qui sont de plus en plus réticents à laisser leurs enfants jouer et explorer sans surveillance. Cette réticence s’explique par le souci de protéger les enfants des étrangers, de l’intimidation et de la circulation lorsqu’ils jouent dans les parcs et les rues du quartier1. Si le déclin du jeu libre peut en partie expliquer la baisse générale du niveau d’activité physique des enfants, il pourrait également avoir d’autres conséquences inquiétantes. Par exemple, le jeu libre contribue grandement au développement physique et social des enfants, tout en cultivant leur créativité et en renforçant leur capacité à prendre des décisions de manière indépendante et à résoudre des problèmes2. En d’autres mots, le jeu libre est important et doit être encouragé, et non pas être simplement considéré comme une « activité du passé ». En réponse à certaines de ces perceptions sociales changeantes, le texte qui suit présente quelques‑uns des moyens utilisés par Sportball pour intégrer des éléments de jeu libre dans ses activités sportives, et des suggestions sur la manière dont les parents peuvent intégrer le jeu libre dans le quotidien de leurs enfants.
La promotion du jeu libre et actif chez Sportball
Chez Sportball, nous veillons à intégrer à chacun de nos cours une forme de jeu libre, appelée « jeu libre et actif », qui consiste en du jeu spontané comportant un volet d’activité physique. Pour ce faire, nous avons conçu un programme non compétitif axé sur le jeu, qui nous permet de nous concentrer autant sur le plaisir et la créativité que sur l’enseignement des compétences de base en matière de sport et de kinésiculture. Conformément à notre approche unique en matière de développement d’habiletés sportives, nous enseignons indirectement des habiletés aux jeunes enfants au moyen d’une communication narrative (Chez Sportball, notre méthode d’enseignement sert un objectif). Cette approche consiste à esquisser un scénario autour d’une habileté sportive, et à laisser aux enfants le soin de le peaufiner en donnant libre cours à leur imagination. Par exemple, avant d’apprendre à manier le bâton pour jouer au hockey en salle, les jeunes enfants doivent aider Doris à traverser un récif de corail et à retrouver sa famille, en évitant au passage des méduses (qui sont en fait des cônes). Lorsqu’ils courent pendant le réchauffement, les enfants sont encouragés à imiter leur animal ou superhéros préféré en utilisant l’espace autour d’eux de manière créative. Par le biais de ces modifications, nous cherchons à rendre les exercices sportifs mieux adaptés aux enfants, plus originaux et plus amusants, et à stimuler l’imagination des enfants comme le fait le jeu libre dans des environnements moins structurés.
Accroître la pratique du jeu libre en dehors de Sportball
En complément aux cours de Sportball, nous suggérons aux parents d’inciter leurs enfants à pratiquer plus souvent le jeu libre et actif à l’extérieur. Les chercheurs ont récemment souligné l’importance ce type de jeu dans un énoncé de position sur le jeu actif à l’extérieur3, se basant sur le principe que le jeu extérieur actif prépare les enfants à la prise de risques en les aidant à connaître leurs propres limites et à apprendre à évaluer et à gérer le risque. Voici quelques moyens d’encourager les activités extérieures :
- Adonnez-vous au jeu libre avec vos enfants avant ou après un entraînement. Prévoyez une session de jeu libre avant ou après un cours de Sportball, dans un parc ou dans un espace ouvert à proximité.
- Trouvez un ami/compagnon de jeu de confiance. Vous pourriez vous sentir plus à l’aise de laisser vos enfants jouer librement s’ils le font avec un ou plusieurs amis que vous connaissez et en qui vous avez confiance.
- Éduquez vos voisins. Des parents ont invoqué la crainte d’être jugés par d’autres parents comme l’une des raisons pour lesquelles ils limitent la participation de leur enfant à des jeux libres autonomes4. Parlez à vos voisins : partagez avec eux vos connaissances sur le jeu libre et sur la manière de mieux l’encadrer en tant que collectivité.
Souvenez-vous : tout est dans l’équilibre! Les activités physiques tant organisées que non organisées (comme le jeu libre) sont bénéfiques, et la participation à l’une d’elles ne devrait pas se faire au détriment de l’autre. De même, en tant que société, nous devons éviter de surprotéger les enfants pour ne pas nuire à leur capacité naturelle de développement et d’apprentissage. Soutenir les enfants dans la prise de risques chez Sportball, c’est les préparer à la vie.
Sources :
1Lee et al. « A meta-study of qualitative research examining determinants of children’s independent active free play », International Journal of Behavioral Nutrition and Physical Activity, vol. 12, nº 5, 2015.
2Gray, P. « The decline of play and the rise of psychopathology in children and adolescents », American Journal of Play, vol. 3, nº 4, 2011, p. 443-463.
3Tremblay et al. « Position statement on active outdoor play », International Journal of Environmental Research and Public Health, vol. 12, nº 6, 2015, p. 6475-6505.
4Pynn et al. « An intergenerational qualitative study of the good parenting ideal and active free play during middle childhood », Children’s Geographies, vol. 17, nº 3, 2018, p. 1-12.