L’un des plus grands défis auxquels sont confrontés les enfants qui participent à des activités sportives est celui de composer avec les complexités de la victoire et de la défaite, ou de la réussite et de l’échec. L’enfant qui compare sa performance à celle d’un autre athlète ou camarade est alors confronté à cette distinction pour la première fois, et est apte à évaluer sa réussite ou son échec, souvent lorsqu’il essaie un nouveau sport ou une nouvelle activité physique. Il s’agit d’une dure leçon, et il est n’est pas rare que les enfants deviennent préoccupés par le fait d’être les moins bons à un sport ou à une activité, ce qui peut freiner leur enthousiasme et parfois les inciter à abandonner. Dans les faits, l’une des principales causes d’abandon du sport chez les enfants est un faible niveau de compétence perçue1 ou un sentiment d’infériorité que les enfants développent en comparant leurs habiletés à celles des autres.
Chez Sportball, plutôt que de mettre les enfants à l’abri de l’échec, nous les aidons à l’apprivoiser dans un environnement sécuritaire et positif. Les notions de réussite et d’échec sont inculquées grâce à un mélange de jeux modifiés, de démonstrations et d’apprentissage imitatif avec l’entraîneur. Ces notions peuvent aussi être étayées à la maison par les parents (de la manière décrite ci-dessous), ou utilisées dans d’autres contextes au quotidien. L’idée est d’utiliser le sport comme véhicule pour l’enseignement aux enfants d’importantes habiletés fondamentales et aptitudes sociales, qu’ils peuvent utiliser dans la cour d’école, dans la salle de classe, avec leurs frères et sœurs et avec leurs pairs2 .
La contribution des entraîneurs
Bien que Sportball ait pour mission de créer un environnement sportif non compétitif, dans nos cours, nous soumettons même nos plus jeunes participants à de petits défis, qui introduisent délibérément les enfants à la fois à la réussite et à l’échec. Par exemple, les enfants participent à des courses contre leurs camarades de classe et leurs entraîneurs, et les entraîneurs peuvent choisir de gagner ou de perdre à chaque cours ou échauffement. Après chaque course, les entraîneurs montrent comment réagir aux deux scénarios et comment les percevoir de manière appropriée. Ainsi, les entraîneurs peuvent perdre une course, mais féliciter le groupe et déclarer : « Il semble que vous ayez tous été plus rapides que moi cette semaine, mais ce n’est pas grave, parce que j’ai fait de mon mieux! » À l’inverse, les entraîneurs peuvent gagner, mais rassurer les enfants déçus en déclarant : « J’ai peut-être gagné cette fois-ci, mais vous pourrez réessayer la semaine prochaine! » À mesure que les enfants progressent dans les cours de Sportball, ils participent à des jeux de plus en plus organisés, qui comportent cependant un certain nombre de modifications. Par exemple, dans un match de basketball, les entraîneurs peuvent empêcher les joueurs d’intercepter les passes entre leurs adversaires, ce qui permet à tous les enfants de s’emparer du ballon, peu importe leur niveau d’habileté. Bien que ces jeux modifiés exposent quand même les enfants à des réussites et à des échecs (p. ex., par la possibilité de marquer des paniers), nous essayons de réduire l’écart entre les enfants qui peuvent être plus avancés et ceux qui sont plus novices dans un sport.
Ce que vous pouvez faire en tant que parent
Les parents peuvent donner suite aux notions de réussite et d’échec inculquées aux enfants par Sportball et les renforcer pendant le trajet en voiture jusqu’à la maison. Par exemple, les parents devraient être attentifs au langage utilisé par leurs enfants pour décrire leurs sentiments liés aux cours, comme la déception à l’égard d’une mauvaise performance ou toute préoccupation quant au désir d’obtenir la meilleure performance. Dans tous les cas, les parents devraient saluer les efforts plutôt que les résultats de leurs enfants, et souligner qu’il est plus important de faire de son mieux et de s’amuser que de gagner ou de perdre à un jeu ou à une activité. De plus, ces notions devraient être intégrées à tout sport ou à toute activité libre pratiqués à la maison ou à l’école avec des pairs ou des frères et sœurs. Les parents peuvent également trouver utile de regarder des événements sportifs professionnels en famille, et d’établir des parallèles entre les expériences sportives de leurs enfants et celles des athlètes/équipes professionnels, en soulignant que même les athlètes accomplis gagnent et perdent, et qu’ils ont de bons jours et de mauvais jours.
En somme, chez Sportball, nous savons que nous avons l’occasion unique d’exposer délibérément les enfants tant à la réussite qu’à l’échec. Notre objectif est d’aider les enfants à adopter un comportement adaptatif (et non inadapté) face à l’échec, à devenir plus résilients et à être mieux préparés à la vie scolaire et quotidienne.
Sources :
- Crane, J., & Temple, V. « A systematic review of dropout from organized sport among children and youth», European Physical Education Review, vol. 21, nº 1, 2015, p. 114-131.
- Pierce, S., Gould, D., & Camiré, M. « Definition and model of life skills transfer», International Review of Sport and Exercise Psychology, vol. 10, nº 1, 2017, p. 186-211.