Voici une question que j’entends souvent: «Si j’inscris mon enfant dans votre programme de soccer, va-t’il y avoir des parties?»
La fameuse question! Pourquoi en tant que société on tient tant à ce qu’il y ait un perdant et un gagnant. Surtout chez les plus petits.
Prenons l’exemple des 3 à 6 ans, les groupes d’âge les plus populaires dans nos programmes de soccer.
1) Est-ce que ça fait du sens qu’il y ait des matchs?
À ces âges, quelques mois de plus ou de moins ont un énorme impact sur la grandeur, la motricité et les habiletés sportives. Cette inégalité fera en sorte que certains jeunes vont performer mieux que d’autres.
Si je fais une partie, je peux être assuré que le ballon restera dans les pieds de 3-4 jeunes pour 80-85 pour-cent du temps. C’est énorme. Et les autres pendant ce temps? Habituellement, ils finissent par ramasser des fleurs ou regarder passer la parade.
Est-ce vraiment optimal pour la confiance, le développement et le plaisir? Une solution toute simple: Couper le temps de partie à 15-20 minutes, avoir 2 à 4 ballons sur le terrain en même temps. On développe plus les habiletés et tout le monde touche au ballon!
2) Les matchs et le développement d’habiletés
Notre mission avec les plus petits, n’est pas de développer les prochains olympiens mais de permettre aux enfants d’apprendre des habiletés qui en feront des athlètes pour la vie.
Et selon un sondage, la raison numéro un pour laquelle les jeunes font du sport est pour le plaisir. Pas besoin d’être Einstein pour la comprendre celle-là.
La raison numéro un pour laquelle ils abandonnent le sport? Trop de pression. Ouf. Plus difficile à digérer celle-là.
Et si en éliminant l’aspect compétitif pour les plus jeunes, on permet à chacun de s’améliorer à son rythme, d’avoir plus de temps pour développer sa confiance et les habiletés nécessaires pour éventuellement joindre une « vraie » partie.
En Europe, dès leur plus jeune âge, les enfants travaillent sur leurs habiletés avant de jouer un match. Il n’est pas rare de voir des équipes passées plus de 75 pour-cent de leur temps ensemble à pratiquer et ce même une fois plus vieux.
En Suède, jusqu’à 12-13 ans, il n’y a pas de classement. Et en Norvège, pas de pointage jusqu’à 13 ans. Et les parties ont souvent lieu plus tard dans la saison, après 2 ou 3 mois de pratique.
Ceci se traduit par des enfants plus prêts physiquement et émotionnellement aux aléas de la compétition. Et depuis ces changements, ils gagnent de plus en plus au niveau professionnel.
3) Tu dois être anti-compétition?
Pas du tout. Je crois simplement qu’il est préférable d’enseigner à l’aide de jeux ludiques et dynamiques surtout à bas âge. Des jeux où tout le monde touche au ballon, sans la pression de la compétition. Vous le savez mieux que moi: un mois ou deux de plus et le développement moteur de votre enfant prend des pas de géants.
Vous ne serez donc pas surpris d’apprendre que la date de naissance qui donne la meilleure chance à un enfant de devenir un joueur professionnel de hockey est le 1er Janvier. Pourquoi? L’enfant sera le plus vieux de son groupe d’âge, et donc plus fort et plus habile en général que les autres.
L’impact de quelques mois de plus à un jeune âge se traduit souvent par plus de buts, plus de possession du ballon et plus de temps pour maîtriser les habiletés que les autres. En plus d’ajouter à cela une dose de confiance de plus et bien souvent un extra de temps sur le terrain.
Je divague un peu, mais si votre jeune revient à la maison découragé après une défaite pendant laquelle il a à peine touché au ballon, pas certain qu’il va comprendre que c’est parce qu’il est plus jeune, plus petit ou que sa motricité tarde à se développer un peu.
4) Le désir de se comparer
Dans notre société, on finit toujours par se comparer. Ça nous donne une idée où nous en sommes par rapport aux autres. Pour le meilleur et pour le pire.
Pourquoi initier ce désir de comparaison dès le plus jeune âge? Ce que nos enfants veulent véritablement, c’est de pouvoir pousser un ballon avec les amis et leur coach sous le regard amusé de papa et maman.
Comme Chico Buarque nous le rappelle;
Le plus important c’est le gamin et le ballon, le ballon et le gamin.
Pourquoi ne pas leur laisser ce plaisir? De toute manière, la compétition omniprésente dans notre société, va les rattraper assez rapidement. Un jour, on vieillit et tout devient comparaison.
Laissons-les s’amuser librement de la pression avant d’instaurer en eux le désir de vaincre.
Le but du sport est de de créer des athlètes sur le long terme afin qu’ils continuent à mener une vie saine et active jusqu’à leurs vieux jours. Et que s’ils se tannent de la pression dans le sport, ils se tourneront vers une autre approche au lieu d’abandonner l’activité physique au sens large.
Parce qu’un coach et ses parents lui auront donné la piqûre dans sa jeunesse où il ou elle pouvait simplement s’amuser.