Thomas, 2 ans et demi (nom fictif), entre dans le cours Sportball tellement heureux de pouvoir jouer avec les ballons. Une fois le cours commencé, il participe à l’échauffement comme s’il venait d’atterrir à Disney. Heureux, souriant et prêt pour la prochaine activité.
Aujourd’hui, Coach Olivier enseigne le soccer. Première habileté: Le botté.
Coach Olivier: « Les amis, on va reculer de deux pas, regarder le ballon, courir et botter avec le pied! Super! Tout le monde ensemble, un pouce dans les airs et on dit: « je suis capable »
Thomas: « je suis capable » aussi fort qu’il le peut.
Les enfants et les parents s’éparpillent dans le gymnase et commencent à pratiquer les bottés. Du coin de l’oeil, j’observe Thomas excité à l’idée d’aller botter le ballon (ou dans le monde imaginaire que l’on créer dans le cours, aider flash Mcqueen à gagner la course)
Thomas recule de deux pas, regarde le ballon, s’élance et court et frappe le ballon avec… sa main.
Jusque-là, aucun problème. Mais l’intervention qui suit le parent dans toute sa bonne volonté me fait grincer des dents. (J’avais le même réflexe à mes débuts comme coach)
« Thomas, on frappe pas le ballon avec les mains mais avec les pieds »
Bien sûr, il a raison. Mes explications étaient claires. On recule, on regarde et on botte le ballon avec le pied. Mais avoir raison n’est pas toujours le chemin à suivre.
Comme de fait, suite au commentaire de son parent, Thomas est triste et ne veut plus faire l’activité.
Voyant Thomas déçu, je tente par tous les moyens de faire un autre botté avec Coach Olivier. Encore un peu déçu, il finit par accepter.
Thomas recule de deux pas, regarde le ballon, s’élance et court vers le ballon et le frappe avec… sa main.
Coach Olivier: « Super Thomas, donne moi un gros high five! »
Son sourire revient quelque peu et il me donne un high five timide.
Puis je lui dit: On recommence?
Il recule de deux pas, cette fois avec le sourire et refait la même chose.
Coach Olivier: « Super Thomas! », et sans même lui demander, il me donne un high five! Confiance et plaisir rétablis!
Coach Olivier: « J’aimerais que l’on essaie quelque chose. Je veux que tu fasses la même chose que la dernière fois mais cette fois-ci, on va y aller avec le pied (en pointant ses pieds). Je pense même que le ballon va aller encore plus loin! Regarde Coach Olivier (moi qui fait un botté) »
Thomas recule de deux pas, regarde le ballon, s’élance et frappe le ballon avec… son pied.
La fierté et le bonheur de son regard me donnent des frissons. Tout heureux, il continue les bottés avec son parent.
Certains me diront qu’il faut apprendre aux enfants à suivre les directives et ne pas tout le temps faire à leur tête. Qu’on doit leur apprendre à écouter. Je suis d’accord dans bien des cas mais pas celui-ci.
La directive était divisée en quatre aspects. Reculer, regarder, frapper le ballon, et le faire avec le pied.
Pour l’adulte, comme c’est une habileté simple, on regroupe les 4 aspects en une seule directive. Botter le ballon avec le pied = 100% de la directive. Frapper le ballon avec la main = 0% de ce qu’il fallait faire.
Pour un jeune enfant, il peut s’agir d’une habileté complexe. On l’a donc divisé en 4 aspects. Reculer, regarder et frapper le ballon avec le pied = 100% des directives. Reculer, regarder et frapper le ballon avec la main = 75% des directives. Donc Thomas a réussi 75% du premier coup!
Pas zéro.
Souvenez-vous votre première fois derrière le volant, il y avait tant de choses à se rappeler. Aujourd’hui on y pense plus, on fait juste conduire. C’est un peu le même principe ici.
Aucun enfant ne va vivre toute sa vie à botter le ballon avec sa main. Mais je suis convaincu qu’une fois plus vieux, beaucoup d’entre eux lâcheront le sport si nous exigeons la réussite du premier coup.
Car trop souvent, l’exécution et la performance deviennent plus importants que le simple plaisir de frapper dans un ballon. Avec le pied ou la main, peu importe.